Entretien avec Renaud BEGUE, co-fondateur de la Maison des familles.
L’idée est née en 1993 en même temps que la création de l’association « Un hôpital pour les enfants » (UHPE).
« Quand nous avons décidé de créer Un hôpital pour les enfants le 2 avril 1993, nous nous sommes fixés plusieurs missions, parmi celles-ci : l’animation, avec l’agrandissement de la ludothèque et de l’espace ados, la formation des bénévoles, mais aussi l’hébergement des parents d’enfants hospitalisés. »
A cette époque, le projet de chambre parent-enfant est inscrit dans le projet de développement de la Pédiatrie pour les années à venir au CHU. Cependant à une volonté institutionnelle et médicale s’ajoute des situations bien réelles. « Un jour, des agents de sécurité du CHU sont venus me voir accompagnés d’une maman qui venait tous les jours de Niort pour passer la journée avec sa fille hospitalisée pour une greffe de moelle osseuse dans le service d’hématologie. La première greffe avait échouée et sa fille repartait pour un cycle d’hospitalisation de trois mois, la maman était fatiguée. Nous lui avons donc trouvé un logement sur le site de la Milétrie dans un bâtiment habituellement réservé à l’accueil de stagiaires ou visiteurs de passage.
Et petit à petit, l’association qui entre-temps s’était créée, a préempté avec l’accord de la Direction générale, de plus en plus de locaux pour les parents dans ce bâtiment composé de onze chambres et studios jusqu’en 2000. »
Très vite, les retours de terrain font prendre conscience que la demande d’hébergement sur place ne concerne pas que les parents d’enfants malades. Les conjoints de patients hospitalisés expriment aussi ce besoin, notamment dans les services de neurochirurgie, cancérologie, cardiologie ou réanimations. Pour gérer cette structure indépendamment d’UHPE, l’association « La Maison des familles » est donc créée en 1997. Elle garantit un hébergement et un accompagnement des familles contre une participation financière modique et dégressive selon la durée du séjour. « On ne se substitue pas aux services de soins, on dialogue avec eux pour accompagner au mieux les familles ».
En 2000, le bâtiment est agrandi grâce à un financement des Pièces jaunes. Et, quand ce bâtiment a été rasé en 2013 pour laisser place au centre cardio-vasculaire, c’est Bernadette Chirac qui est venue inaugurer la nouvelle maison des familles l’année suivante. La reconstruction du bâtiment a été prise en charge par le CHU et l’aménagement intérieur par l’association.
Voir le Tableau des donateurs.
La moitié des frais de fonctionnement de la maison est couverte par la participation des familles, 10% par une subvention du CHU, l’autre partie est financée par les donateurs. D’expérience, nous ne souhaitons pas dépendre exclusivement de l’argent publique, très aléatoire d’ailleurs, d’autant que notre reconnaissance est difficile par les grandes institutions ou collectivités. La reconnaissance d’intérêt général à l’association, autorisant la déduction fiscale pour les particuliers facilite bien évidemment la générosité de nos concitoyens. Et elle est exemplaire en ce qui concerne la Maison des familles.
Désormais, nous sommes en capacité d’accueillir plus de 1 500 familles par an (soit près de 2 400 personnes) sans limite de temps et sans que l’argent ne soit un obstacle à cet accompagnement.
Pari réussi ? certainement. Néanmoins, il faudrait désormais envisager une extension de la Maison devant la demande des familles… A suivre.
En conclusion, 25 ans après l’accompagnement de la maman de Tiphaine, tout le groupe de bénévoles et de sympathisants ont modestement le sentiment de s’être inscrit dans une démarche de solidarité et d’accueil à l’hôpital de Poitiers.
Pour tous, la base de leur accompagnement est de faire comme pour eux si cela devait leur arriver et d’y mettre le meilleur d’eux mêmes.